Un mois à USHUAIA, Fin del Munco

Un mois à USHUAIA Fin del Mundo

Avec 100000 habitants, la ville s’agrandit et ça grouille, et c’est animé quand il y a 7 paquebots de croisière amarrés au quai commercial pour 24 ou 48h, qui déversent leurs centaines de passagers… Mais est-ce vraiment la Fin del Mundo ?!… Car depuis que Puerto Williams au Chili a plus de 20000 habitants (limite reconnue par l’ONU), c’est devenu la ville la plus Sud du monde et USHUAIA est jalouse !

Nous avons largement eu le temps de parcourir la ville, d’explorer le Parque Nacional Tierra del Fuego (voir l’article de Jean-Yves), de tester les restaurants, de bien discuter avec les navigateurs du ponton et de sympathiser avec certains (en particulier Eric & Cédric), de détailler leurs bateaux, des apéros avec Stéphane et Michèle, Eric et Cédric, Roxanna et Jonathan, la soirée de Noël au Club, d’entretenir et améliorer encore IKESSO, de marcher beaucoup pour rejoindre la ville ou en revenir, de faire des courses alimentaires ou de bricolage, de dépenser des pesos (la vie est très chère ici…), de préparer la navigation dans les Canaux de Patagonie, d’écrire 75 cartes postales et d’essayer de les envoyer, enfin d’attendre Olivier comme le Père Noël (des cadeaux pour l’équipage et pour IKESSO : alternateur, poulies, embout gaz…). Mais surtout, nous n’avons cessé de regarder ce décor somptueux de la ville avec sa baie et ses montagnes, qui changeait souvent avec la météo : ma-gni-fi-que, in-ou-bli-able !

A toute heure, nous nous arrêtions pour admirer ce paysage unique, et tant rêvé : il a été là, à portée de regard pendant ces 4 semaines. Par chance Ikesso était amarré du bon côté du ponton, et sans autre bateau à couple pour gêner la vue.

Nous avons bien ressenti l’évolution de la météo, avec la fin du printemps et le début de l’été austral. En un mois, la neige des sommets proches a quasiment disparu, la température est montée, mais souvent un vent glacial se levait brutalement, jusqu’à 40 nœuds, et balayait la baie en faisant gîter brusquement les voiliers au mouillage ou au ponton; parfois ce vent s’établissait et durait plusieurs heures, d’autres fois il s’agissait de williwaws, masses d’air froid descendant de la montagne…

Sur le ponton ou dans le club, toute la journée, on se croise « Holà, que tal » ou bien « Buenas ! »… et les 24 et 25 décembre c’était « Feliz navidad ! ». Quel regret pour moi de ne pas savoir parler espagnol pour échanger un peu plus avec les locaux. Peu parle anglais…

La ville d’Ushuaia est bâtie en pente entre la mer et la montagne, et ses rues rectilignes, perpendiculaires et à sens unique sont, soit longues à flanc de montagne, soit courtes et très en pente. D’ailleurs, si vous roulez sur une transversale en pente, vous avez priorité sur tout le monde, même sur ceux qui viennent de la droite !

Dans la rue San Martin artère commerçante et très fréquentée, on trouve beaucoup de boutiques d’équipements de sports d’hiver (USHUAIA a une station de ski qui commence à 180m d’altitude !!!), beaucoup de boutiques de souvenirs (T-shirts Fin del Mundo, casquettes et chopes siglées, ou peluches de Penguinos), des cafés-restaurants, et des agences d’excursions pour l’Antarctique. Nous avons été déçus de ne pas trouver de véritable artisanat local, bien qu’il y ait beaucoup d’attrape-touristes… Quelques pâtisseries et boulangeries, mais surtout RAMOS GENERALES, LA boulangerie-pâtisserie créée par le français Dudu, qui fait des croissants et des pains au chocolat délicieux, dans une salle au décor de bric-à-brac étonnant !

Pour les courses alimentaires, le CARREFOUR d’USHUAIA ressemble à un mauvais ALDI de chez nous, et si la chaîne locale LA ANONIMA est mieux achalandée, pour les légumes c’est mieux d’aller à MENDOSUR ! Et à LA PROVEEDURA pour son choix de fromages de chèvre, ses jus de fruits et ses biscuits sans gluten… Bref, en 1 mois, on a su détecter les meilleurs plans !

Quant aux restaurants, CHEZ MANU (prononcer ‘ché manhou’ ) et KAUPé (prononcer « Kaopé ») sont définitivement les meilleurs mais sont très chers, alors que MARIA LOLA RESTO est un peu moins bien mais a une vue magnifique et reste accessible à pied dans la ville… Et VEGAN ISLAND propose des empanadas à tomber par terre… On mange et on boit trop quand on est à terre, il est temps de reprendre la navigation…

Le club AFASyN, association de sports nautiques (plongée, dériveur, voile, kayak…), dispose d’un beau ponton d’une centaine de mètres pour accueillir les gros voiliers de passage, et…les petits comme IKESSO! Dany & son collègue, les 2 marineros, tiennent l’atelier, assure la maintenance des installations, et dépannent très gentiment quand on leur demande de l’aide. Les douches des sanitaires du club sont bien chauffées et spacieuses ! Et la grande salle commune du club, d’au moins 150m2, qui dispose de 2 grills pour les asados, grillades argentines, est souvent réservée des après-midis entiers ou en soirée pour des fêtes d’enfants. Mais le 24 décembre au soir, c’est Noël pour les navigateurs au ponton, et nous nous retrouvons à une bonne cinquantaine, il y a plus à boire qu’à manger ! IKESSO a cuisiné 2 quiches poireaux-bleu qui sont vite parties. Grillades, focaccia, charcuteries, fromages, bonne ambiance sympa avec beaucoup de russes, des hollandais, polonais, anglais, français et quand même quelques argentins ! Ce n’est pas un temps de recueillement, plutôt une petite tour de Babel où ça discute avec un fort niveau sonore !!!

Amarrés au ponton depuis le samedi 30 novembre, nous quittons USHUAIA (et l’Argentine) 4 semaines plus tard, pour PUERTO WILLIAMS au Chili… Et Roxanna nous salue amicalement depuis le ponton AFASyN, comme elle nous avait accueillis à notre arrivée ! Même si Patrick et moi sommes heureux de reprendre la navigation et d’aller enfin découvrir les Canaux de Patagonie, il y a de l’émotion à quitter ce lieu tant rêvé, où nous avons vécu des moments et des rencontres inoubliables…