Remontée vers le Détroit de Magellan
Nous voici début mars 2025, déjà 7 mois que nous voyageons à bord d’IKESSO, et ce dernier mois de février a été difficile question météo. Au plein cœur de l’été austral, la température moyenne a été de 4 à 5 degrés, il a plu tous les jours, et le vent d’Ouest a soufflé sans discontinuer depuis le Pacifique… Pour avancer dans les canaux jusqu’à pouvoir enfin prendre plein Nord vers le Détroit de Magellan, ce fut une succession de petits parcours, de mouillages parfois exposés aux williwaws, et d’attentes… Le passage dans la Bahia Desolada pour rejoindre le canal Cockburn, exposé à la houle de l’océan, avec ses multiples réflexions sur la côte déchiqueté, et ses rochers isolés, a été particulièrement délicat, avec 35 à 40 nœuds de vent en rafales (de face) et près de 3m de creux… Une très belle journée d’été nous a récompensés le lendemain, mais ce fut la seule du mois, les éléments s’assurant de nous fouetter systématiquement de pluie glacée dans des vents rafaleux… IKESSO se comporte remarquablement dans toutes ces conditions et c’est une vraie satisfaction. Seuls les mouillages ont été délicats avec plusieurs fois l’ancre qui décrochait et donc la nécessité de quitter rapidement nos couchettes pour repositionner le bateau qui dérape en travers des rafales… ca rend le sommeil délicat à la longue…
Mais nous avons poursuivi nos visites de glaciers, et avons vécu de grands moments dans des Seno magnifiques, à regarder ces fronts de glacier qui s’avancent dans la mer et y vêlent des petits et gros glaçons : spectacle magique inoubliable. Chaque glacier est différent, chaque Seno a ses particularités : là une cascade monstrueuse qui dévale, là des nichées de cormorans dans les falaises et on entend les petits qui piaillent, là une soupe de glaçons à traverser sur 2 milles pour approcher le front du glacier… Et dans l’un d’eux, Finn nous prépare des galettes bretonnes que nous dégustons pour déjeuner en contemplant ce spectacle de la nature, moteur coupé, dérivant lentement, scrutant les avalanches qui se signalent par le son mais trop tard ! Et chaque fois il faut repartir, faire 10 ou 15 NM, souvent au moteur, louvoyer parmi les glaçons, trouver un mouillage (déjà repéré), encore tout émerveillés…
Nous avons également navigué de conserve avec CHAMALO quelques jours, partageant un feu sur la plage de Caleta Olla, puis côte-à-côte au mouillage à Caleta Beaulieu, échangeant par VHF sur les conditions rencontrées. Avant que nos routes se séparent, CHAMALO remontant vers Puerto Montt avant de viser Tahiti !
Nous prenons entre les nombreuses îles vers le Nord, direction Punta Arenas dans le Détroit de Magellan, où nous ferons les formalités de sortie du Chili. Aujourd’hui nous sommes à Porvenir, la plus grande ville de terre de Feu du Chili, en face de Punta Arenas. La coopérative des pêcheurs nous accueille sur son quai, l’activité est basse en cette saison… Nous sommes contents de retrouver un peu de civilisation : coiffeur, restaurant, ravitaillement en produits frais, douche bien chaude à volonté et lessive !!!
Depuis plusieurs jours déjà, nous étudions en détails la météo pour effectuer la dernière remontée vers Piriapolis dans les meilleurs conditions : de la sortie du Détroit deMagellan (Punta Dungeness) à Piriapolis en Uruguay, c’est tout droit sur environ 1200NM. Mais avant cela, le Détroit de Magellan a des rétrécissements (primera et segunda Angosturos) avec des courants de marée très importants, de 5 à 6 nœuds environ, et il est impératif d’optimise notre passage avec les horaires de marée et un vent favorable. A aujourd’hui, ce serait un départ le 7 mars, et une remontée en 8 jours. Mais la météo peut évoluer et nous scrutons cela attentivement.
A Piriapolis, ce sera l’hivernage d’IKESSO, c’est-à-dire la préparation (rangement et nettoyage intensif…) du bateau, pour qu’il somnole sagement en attendant qu’on revienne le chercher pour le ramener en Rance… en 2026…