L’albatros
Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage,
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers…
Depuis l’étude des Fleurs du Mal de Baudelaire, le rêve m’habitait, un jour, de rencontrer l’oiseau mythique des mers du Sud, l’Albatros… Et le moment était venu, grâce à Jean-François et à son invitation sur Ikesso. Un mois de navigation de Mar del Plata à Ushuaïa, le long des côtes patagoniennes argentines, ce devrait être l’occasion de nous croiser…
Je pensais devoir attendre le Grand Sud, mais bingo ! Dès les premiers milles après la sortie du port, sur une mer bien formée avec un vent soutenu, il est là !
Immense, longues ailes gris foncées en lames de faux, corps fuselé comme un missile, ventre blanc et bec puissant de couleur jaune, il apparait soudain au ras de l’eau, rase le creux des vagues, puis remonte d’un coup dans les airs avant de faire un virage parfait avant de redescendre vers la surface de l’eau…et sans aucun mouvement d’aile apparent !
Je parle d’albatros, en fait il y en a de nombreuses espèces, une quinzaine au large de la Patagonie, dont beaucoup dans le Sud… Celui qui nous rend visite est un albatros à sourcils noirs, d’une taille moyenne (2,40m d’envergure quand même !) par rapport à l’Albatros errant ou l’Albatros royal, qui atteignent les 3,20 mètres.
Après ce premier visiteur, il y en aura beaucoup d’autres tout au long de notre parcours, parfois posés sur l’eau quand il y a peu de vent, et le plus souvent dans les airs, surgissant d’un coup du fond de l’horizon sans aucun effort apparent.