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Journal d’Olivier – 1ère semaine

  • 22 janvier 2025
  • Jean-François Morier
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Le Journal d’Olivier – 1ère semaine

Vendredi 27 décembre Arrivé à Ushuaia hier à 13H45 après 25h de voyage. Très peu dormi et bien crevé. Je découvre Ikesso sur lequel je vais vivre pendant 1 mois.
Le voilier est magnifique. 1 cabine à l’avant et 2 cabines à l’arrière un coin cuisine avec frigo et congélateur et le carré central avec le bureau du capitaine : la Table à Cartes (ou coin navigation).
Moi qui ne suis pas marin et sujet au mal de mer je rejoins l’aventure.
Jef et Patrick ‘mont attendu pour manger sur le bateau. Trop sympa !
Après une petite sieste, on a récupéré une voiture de location.
Balade en ville et restau le soir.  Très bon ! Vue magnifique sur la baie.
Ushuaia est belle. Des rues en pente qui plongent vers la baie et qui croisent des longues lignes droites. Mer d’un côté et montagne de l’autre. Grande ville très touristique où se côtoient marins et montagnards. On est à la fois dans une station de montagne et un port.
Depuis Madrid, c’est drôle, je cherche mes phrases en Espagnol, alors que je ne le parle pratiquement pas.
Formalités toute la journée et préparation au départ.
Jef se charge des formalités douanières et autres.
Linge laissé à une laverie qu’on viendra récupérer plus tard, lavé et plié.
Courses impressionnantes à faire pour un mois.
La liste est longue et précise. C’est dingue ! Des fruits, des légumes, des boissons, des farines, du café, du thé… Il faut tout prévoir pour un mois. Tout calculer !
Je n’arrive pas à me rendre compte de la somme énorme de préparation, de prévision, d’anticipation et de travail pour entreprendre un tel voyage.
ça n’est pas « seulement » la navigation qu’il faut maîtriser. C’est toute l’intendance.
2 ans de préparation pour se lancer dans l’aventure.
Je suis impressionné par leur maîtrise, leurs connaissances et leurs savoirs.
Tout ce qu’ils ont effectué en termes de formations, stages dans les domaines des gestes médicaux, des gestes de survie, de 1er secours, de sécurité et j’en oublie certainement.
Envisager le pire pour vivre le meilleur et découvrir le merveilleux.

Samedi 28 décembre Départ d’Ushuaia pour Puerto Williams au Chili.
On s’éloigne d’Ushuaia. La mer est entourée de montagnes enneigées.
C’est magnifique, beau et sauvage !
Au bout de 45 mn, au loin, des jets d’eau ! Mes 1ères baleines ! On en a aperçu une dizaine.
Même si on est loin, elles sont aussi grandes qu’un bateau qui est à proximité. Trop beau !
La météo est clémente. Environ 12°C.
Nous arrivons à Puerto Williams vers 14h où nous nous arrimons en couple. C’est-à-dire qu’on se colle à un autre voilier déjà accroché lui aussi à un autre. Nous sommes les cinquièmes et le tout 1er est amarré à un bateau échoué le Micalvi. Il a été coulé en 1923 sans sombrer. Il est un peu couché sur un flanc et sert depuis, de point d’ancrage et de lieu d’accueil pour les marins qui voyagent vers les mers du Sud.
Il y a des sanitaires et une grande salle qui sert de bar et de lieu de rencontre et de partage.
La salle est décorée de fanions de voiliers venus du monde entier. Ikesso sera présent dorénavant avec un fanion de Plouër-sur-Rance.
Jef est un peu déçu tout de même car l’endroit n’est pas du tout animé.
La ville de Puerto Williams est vraiment insolite. Elle semble le dernier endroit de civilisation sur terre. Je me sens comme dans un film où rien ne se passe et où tout peut arriver.

Dimanche 29 décembre Puerto Williams.
Journée à courir pour toutes les formalités administratives d’entrée au Chili.
Ensuite visite de la ville qui se déclare être la ville la plus au sud du monde et la fin du monde.
Il y a quelques boutiques et des maisons faites de briques et de brocs. Certaines sont des containers transformés en habitation. Les rues sont pour la plupart en terre. Quelques vaches et chevaux se promènent en liberté. Beaucoup de chiens également.
Les gens sont très sympas et souriants, comme à Ushuaia.
Phrase magique prononcé par Jef : « felices fiestas ! » qui provoque un sourire et une réponse de leur part : « Igualmenté » !
Le soir nous mangeons à la pizzeria la plus australe du monde ! (C’est défini comme tel sur la porte). Le chef est très sympa et les pizzas sont bonnes. Le chef bosse également à la capitainerie du port. C’est lui qui nous a répondu par radio quand nous sommes arrivés. Il fait également des études à l’université.
A la question « mais quand est-ce que vous dormez » ? Sa réponse : « on n’a qu’une vie » !
Les choses paraissent simples pour lui.

Lundi 30 décembre Levé 4h30 départ à marée haute à 5h30. Il fait déjà jour.
Le soleil se lève à 4h30 et se couche à 22H30/23H. On est au bout du monde je vous dis !
Entré dans la Caleta Mejillones à 9h15 après une navigation tranquille en retournant vers l’Ouest mais côté Chilien du Canal de Beagle.
2 otaries aperçues et 4 pingouins en plus des nombreux oiseaux, tels que les sternes qui survolent et plongent tout à coup ou bien des espèces de canards qui courent sur l’eau pour prendre leur élan avant de s’envoler et de planner juste au raz de l’eau.
Pluie et froid sont au rendez-vous. Jef a mis le chauffage et nous a préparé un bon chocolat chaud. Ensuite sieste et repos, repas et de nouveau sieste.

Patrick prépare une pâte à pain. Pendant que la pâte lève, nous descendons à terre visiter et marchons jusqu’au cimetière Indien de Bahia de Mejillones.
Moment de recueillement, sentiment de honte.
Sur terre 2 ou 3 barraques inhabitées, un troupeau de vaches avec leurs petits veaux.
Beaucoup d’oiseaux différents encore : canards, ibis… Faune sauvage endroit préservé.
Patrick fait voler son drone que lui a offert Jef pour noël. Cela fait des images fantastiques.
Regardez sur le blog, c’est génial !

Mardi 31 décembre Départ ce matin 8h vers la caleta Liwia, en face d’Ushuaia.
Ancre jetée vers 12H15. Patrick et moi pagayons vers la terre avec l’annexe pour accrocher des bouts (longs cordages) à des rochers ou à des arbres. Le but étant d’assurer l’ancrage et de stabiliser le bateau en cas de mauvais temps.
Pluie tout le long mais à l’arrivée non. On devine à peine les terres chiliennes et argentines de part et d’autre du Beagle.
Repas (patates sautées), sieste et balade sur l’île. Végétation incroyable ! C’est dépaysant au possible ! Uniquement les bruits de forêt.
Ce qui frappe c’est le calme, la paix, le chant des oiseaux et le clapotis de l’eau.
Nous vivons au ralenti. On dirait que le temps se met sur pause.
Ce soir, chacun prépare un plat pour notre réveillon. Au menu : œufs mimosa, risotto, crevettes au lait de coco et bananes flambées. Bien arrosé comme il se doit.

Mercredi 1er janvier 2025 Bonne année !!!!!
Direction notre 1er mouillage proche du 1er glacier.
En chemin, sur tribord, un glacier immense qui se termine par une cascade. Impressionnant !
La moitié de la montagne est le glacier, l’autre moitié est la cascade. C’est fascinant !
Après avoir jeté l’ancre dans la caleta Olla, bien à l’abri, nous descendons à terre pour essayer de rejoindre le pied du glacier. Impossible ! Trop de marécage et d’arbres dans tous les sens. En fait les castors ont inondé la zone et c’est impraticable…
Nous allons finalement dans la forêt de l’autre côté et remontons jusqu’à une cascade.
Terre souple verte et fleurie. Le soleil perce, c’est magnifique !
Et d’un coup apparaissent sur l’eau, à l’entrée de la caleta, des glaçons certains aussi gros que l’annexe comme pour nous dire « Hey les gars, c’est peut-être l’été, mais vous êtes au bout du monde dans les mers du sud, pas loin de l’Antarctique. »
On vit dans un autre monde, on ne croise personne. Harmonie avec la nature tout simplement.
Le soir pique-nique et feu de camp. Apéro, gratin dauphinois, gâteau et champagne.
C’est non seulement le 1er janvier mais c’est aussi l’anniversaire de Jef.
On s’en souviendra de celui-là ! Bon anniversaire capitaine !

Jeudi 2 janvier Départ 8h pour la Caleta Beaulieu.
Pluie au départ mais revoilà frère soleil ! Des otaries se font bronzer, un dauphin nous fait un petit coucou.
Nous allons plus loin au fond de Seno Pia (un fjord), vers un front de glacier qui se jette dans la mer ! C’est un mirage ! Une apparition ! Un glacier magnifique, une montagne de neige et de glace descend jusqu’au canal : Ventisquero Romanche
C’est époustouflant ! Irréel ! Le bleu glacier est incroyable.
Nous le quittons à regret pour retourner au mouillage dans la Caleta Beaulieu. Face à un autre bras du même glacier Romanche, immense. Le lendemain, nous allons sur une île avec l’annexe observer le glacier de plus près. Quel calme ! Quelle paix !
Le retour est plus difficile le vent s’est levé et nous arrivons trempés au bateau. L’eau est froide 6°C ! ça réveille ! Vite une bonne soupe pour nous réchauffer. Patrick nous prépare du pain.

Samedi 4 janvier Nous levons l’ancre à 8h
Nous allons mouiller à quelques milles de là dans un petit bras de mer, Tres Brazos, de l’autre côté du canal Beagle.
Cette fois c’est une otarie qui nous fait coucou en sautant hors de l’eau.
Nous sommes au paradis ! Caleta Cinco Estrellas est une petite crique incroyable dans laquelle se jette un torrent.
Avec Jef, randonnée après le repas et la sieste. Nous dominons le fjord et nous atteignons un lac peu profond. L’eau est limpide. Végétation atypique. Fleurs splendides et des arbres qui ressemblent à des bonzaïs géants taillées par la nature.
Dimanche 5 janvier repos, je mets au propre mon texte pour le blog ! Pas de mal de mer encore.
Patrick nous prépare un gâteau et des pizzas pour le soir avec une bonne salade composée.

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