Ăa fait jaser lâĂ©quipage depuis quelques jours, le chenal de Montevideo Ă Buenos Aires est balisĂ© Ă lâexcĂšs, ça fait une grosse trace sur la carte marine.Â

Câest donc avec Ă©motion que je prends le ferry pour voir de mes yeux les fameuses bouĂ©es. Et finalement, aimantĂ©e par les gratte-ciels de la capitale argentine qui apparaissent au bout du Rio de la Plata, je rate le balisage. Une heure aprĂšs le dĂ©part, le ferry express sâengouffre dans la ville, le long de quais oĂč rouillent de vieux cargos. Des vraquiers, des grues, des klaxons Ă©nervĂ©s venant des embouteillages et un dĂ©collage dâhĂ©licoptĂšre complĂštent ce panorama trĂšs urbain. Buenos Aires (BsAs!) est la deuxiĂšme agglomĂ©ration dâAmĂ©rique du Sud, aprĂšs Mexico City (el DF ou CDMX, selon quâon est puriste ou moderne).Â
Pas loin du port, jâai trouvĂ© un hostel dans le quartier de San Telmo, qui se rĂ©vĂšle (surprise !) ĂȘtre un quartier de bobos trĂšs gentrifiĂ©, aux rues pavĂ©es et aux petites maisons qui pourraient se trouver dans une ville du Sud de lâEurope. Les antiquaires cĂŽtoient les boulangeries vegan et les boutiques dâartisanat. Câest parfait, il me faut justement des cafĂ©s et une bonne connexion internet pour la semaine.
Câest le printemps Ă Buenos Aires, jâessaie dâaller visiter un nouveau quartier Ă pied chaque jour, câest vite 20 bornes aller-retour, la ville est grande. Palermo Hollywood et Palermo Soho ont bien cette vibe italienne que jâimaginais. (Une belle occasion de réécouter tout lâalbum Palermo Hollywood de Benjamin Biolay, ou la discographie de One Direction, câest selon.)
Le centre de la ville est Ă©tonnant, les immeubles haussmaniens cĂŽtoient des tours en verre plus modernes, les grands boulevards sont aĂ©rĂ©s de parcs peuplĂ©s dâarbres immenses, et mes allergies nâen sont que redoublĂ©es. Vivement que Patick revienne avec mes antistaminiques.
Un jour que je cherche un cinema (malheureusement en cette pĂ©riode dâhalloween, ils ne passaient que des films dâhorreur), je mâĂ©gare dans les rues pavĂ©es du quartier de Recoleta, qui ressemble pas mal au 16Ăšme arrondissement Ă Paris. Les cafĂ©s ont des noms français, et des mamans Ă©lĂ©gantes sortent leurs petits enfants de lâĂ©cole. Jây reviens le lendemain prendre un thĂ© avec Janick, la soeur de ma copine Diana. Diana et Janick ont des origines malouines et argentines, un mĂ©lange qui fait inĂ©vitablement rĂ©agir ici, oĂč les Islas Malvinas font penser Ă autre chose quâune ville trop touristique bardĂ©e de crĂȘperies.
Jâavais grand besoin de ville, de dĂ©ambuler Ă grandes enjambĂ©es (aussi grandes que mes petites jambes le permettent) dans des boulevards animĂ©s, croiser des regards anonymes. En vain, jâai cherchĂ© dans les grandes librairies, comme le fameux Ateneo, des livres de Francisco Coloane, mais personne ne le connaissait⊠Qui sait sâil y aura une librairie Ă Puerto Natales ?
De Buenos Aires, je retiens lâimportance du cafĂ© comme boisson, et surtout du cafĂ© comme lieu de socialisation. Les cafĂ©s sont pleins Ă toute heure. Les restaurants ouverts tard le soir.
Pour ceux que la gastronomie locale intĂ©resse, je recommande la sĂ©rie Nada (câest sur Disney +), qui raconte lâhistoire dâun critique culinaire interprĂ©tĂ© par lâimmense acteur argentin Luis Brandoni. En 5 Ă©pisodes courts, on peut apprendre Ă cuisiner la milanesa, le fameux bife de chorizo a caballo, les empanadas et faire un tour dâhorizon de la gastronomie locale.
Au cours de mes pĂ©rĂ©grinations, jâai notĂ© que le dulce de leche contamine tout, et les desserts sont trĂšs trĂšs sucrĂ©s. Les argentins ont une passion pour les scones et les cinnamon rolls (que jâai dâabord mis sur le compte dâune mondialisation rĂ©cente, mais il parait que câest les Irlandais qui ont rapportĂ© ça yâa belle lurette, comme câest de la vieille mondialisation, avec la patine du temps, ça va), tout comme les europĂ©ens ont rapportĂ© le pain, les viennoiseries, et les italiens une bonne partie de ce qui compose la cuisine « locale ». En fin de compte, beaucoup de gens mangent des tostados, des petits sandwichs grillĂ©s au jambon et au fromage.Â
Il me tarde de retrouver Piriapolis, petite station balnĂ©aire bordĂ©e par le Rio de la Plata, câest le dĂ©but de la saison, les gens sont paisibles, ils se promĂšnenent avec leur matĂ© dans une main et le thermos sous le bras. Demain, nous entamons la derniĂšre partie de notre descente vers le grand sud, je me rĂ©jouis de reprendre la mer !