IKESSO a dépassé la jetée du port des Bas-Sablons de quelques longueurs, mes équipiers rangent amarres et pare-battages, et soudain, derrière ma barre, de gros sanglots me prennent par surprise ! Je ne contrôle plus rien…
Ça y est, c’est pour de vrai, IKESSO a largué les amarres !
C’était le jeudi 1er août à 9h00, date cochée depuis longtemps sur mon calendrier : le départ pour mon rêve d’aller en voilier jusqu’en Patagonie, en équipage.
Quand la réalité rejoint le rêve entretenu si longtemps, quand toute cette préparation, cette attention aux détails de tous les aspects de l’organisation, se concrétisent, alors les sentiments se bousculent, l’âme et le cœur chavirent et l’émotion emporte toute cette rigueur qu’il a fallu déployer, cette persévérance quotidienne… C’est maintenant le temps du plaisir, de profiter à fond de chaque instant, tout en conservant quand même la notion de responsabilité de l’équipage et du bateau : les premiers jours ne sont jamais facile en Bretagne Nord avec ses cailloux, ses courants de marée et ses vents de face !
La séparation d’avec ceux que nous aimons nous rend un peu coupables de les attrister. Eux n’ont pas la même perspective que nous qui partons plein d’enthousiasme pour de longs mois à la découverte du nouveau. Mais pour eux, ce sera parfois un manque dans le quotidien : une voix, une confidence, un regard, un rire, une épaule, un câlin… ces petits gestes doux qui entretiennent la relation amoureuse, familiale ou amicale. Bien sûr vous êtes heureux de nous voir vivre une aventure passionnante, mais ce matin du 1er août, il a fallu sécher des larmes, apaiser avec des mots maladroits, étreindre fort…pour tenter de dissiper ce chagrin qui déferle…
Avec d’autres, cette séparation s’est déroulée il y a déjà plusieurs jours ou semaines lors de la dernière rencontre, à Rians ou Aix, à Bayonne, à Bayeux ou Saint-Mard-de-Réno. L’émotion était déjà palpable…
Ils sont nombreux ceux et celles de notre entourage qui avaient coché cette date du 1er Août ; alors entre la veille au soir et le matin du départ, les appels téléphoniques, SMS et messages WhattsApp font chauffer nos téléphones ! Et chaque bip est un petit instant de chaleur humaine…
Sur le ponton et la jetée du port, des amis locaux, de la famille et des enfants de l’école de Plouër-sur-Rance, sont venus nous souhaiter bon voyage, nous apporter une dernière pièce détachée ou nous donner un pot de miel de la première récolte. Derniers mots échangés, encore des photos… Merci à toutes et tous pour ces témoignages précieux d’amitié !
Dans les heures et les jours qui suivent, nous échangeons entre nous à bord sur qui était là, qui est qui, comment on se connait… et on se raconte des bons moments passés avec une telle ou untel : nous avons besoin de parler de vous, de faire revivre des émotions que nous avons partagées. C’est ainsi que vous êtes vivants en nous, même loin, parce que c’est bon de penser à chacun et chacune de vous !
3 commentaires
Bon vent nous te suivons …
Bonjour Jean-Fran et l’équipage, JE reprends enfin le site pour voir où vous en êtes depuis la panne et la réparation aux Canaries. Bravo pour ces belles photos et ces articles qui font découvrir de l’intérieur la préparation et le quotidien !
Bon vent Ikesso et à bientôt ! On pense à toi et à cette belle aventure .
Bonne route. Je vous suis de Saint-Briac