Naviguer à la voile vers le Grand Sud, découvrir la Patagonie et ses canaux, une terre préservée et encore sauvage, et s’approcher des baleines… un rêve qui s’accomplit en partant de la Rance…
Le grand rêve
Depuis tout petit je rêve de naviguer à la voile sur les mers…
Flash ! Le port de Douarnenez… je suis haut comme 3 pommes vu la taille des personnes avec moi (j’ai 4 ans)… je suis debout sur le banc de cockpit d’un bateau en bois (le Corsaire d’Eugène-Henri, un ami de mon père, me paraissait immense)… je crie et je pleure car on me débarque pour que les adultes partent en croisière… je m’en souviens encore !!!
Donc, dès que je sais nager, c’est l’apprentissage du dériveur sur la plage de Sainte-Marguerite : pour avoir le droit de sortir, il y avait des heures de bricolage car ce vieux VAURIEN n’était pas flambant neuf, mais je le bichonnais avec des amour : rinçage, ponçage, peinture et vernis ! Mes petits cousins n’avaient pas le droit d’y toucher !!! Puis les sorties en PONANT avec Jean-Yves et plus tard les débuts en croiseur : SHERIFF, SUPER SIMOUN 800, ALOA27 en Atlantique. Et KIRK, CORONADO 25, CENTURION en Méditerranée avec Francis et Jérôme. J’aimais être rincé par l’eau salée, dans la piaule aller changer une voile d’avant sur mousqueton ; quand on est adolescent il y a une forme d’idéal à souffrir par sa passion, elle n’en est que plus belle.
J’étais nourri aux romans mythiques de DAMIEN ou Bernard MOITESSIER, aux récits de course d’Eric TABARLY, je rêvais d’embarquer un jour avec eux pour vivre aussi ces récits passionnants qui nourrissaient mon imaginaire. Les mers du Sud, le tour par les 3 caps, doubler les Kerguelen, arriver en Nouvelle-Zélande… je m’y voyais bien…
Dans les années 70, je lisais tout, j’achetais les revues spécialisées chaque mois, je trouvais tout formidable, je savais tout sur tous les bateaux et les champions !
Evidemment avec l’âge et les responsabilités (travail, famille), le rêve s’estompe et se repousse dans le temps…plus tard…
L’été, j’écumais quand même le Golfe du Morbihan et la Baie de Quiberon en KELT 5m50 avec Sandrine en mini-matelot dans son couffin ! Puis toute la côte entre HONFLEUR et ROYAN sur un ALOA34, en famille tous les 4, parfois avec les copains, parfois en solitaire… Mais toujours pas de traversées…
…et un break de navigation pendant 18 ans, tellement pris par une merveilleuse histoire d’amour et un job dévorant…
Quand l’heure d’arrêter de courir est arrivée, j’ai enfin osé remettre mon rêve devant mes yeux et y penser chaque jour et chaque nuit un peu plus :
Le tour du monde par les 3 caps ? c’est peut-être un peu ambitieux…
Visiter les KERGUELEN ? c’est aussi plutôt engagé et on n’a plus le droit d’y aller… et pour en revenir, le mieux c’est aussi les 2 caps suivants…donc voir la question ci-dessus !
La PATAGONIE et ses canaux, naviguer entre les pages de Francisco COLOANE, ce merveilleux auteur Chilien ? oui c’est une idée…il faudrait traverser vers l’Amérique du Sud… et puis descendre en Atlantique Sud, connaître cette ivresse du large…Oui !…et puis partir longtemps… Oui et aussi traverser jusqu’à CAPE TOWN pour revoir mes amis suf-africains… et remonter par SAINTE-HELENE, ASUNCION et Les AçORES… OUI c’est ça que je vais faire !!!
C’est ainsi que ce périple à venir s’est bâti. Il ne restait plus qu’à : trouver le voilier idéal et le préparer, réunir un équipage d’amis chers pour partager ce rêve, me préparer avec tout ce que cela inclue de lectures, de discussions, de tableaux Excel, de formations, de recherche sur internet, de documents, de doutes, de factures, d’essais, d’insomnies…
Maintenant c’est sûr, le 1er août j’embarque dans mon rêve : IKESSO met cap vers la Patagonie !