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24h en mer par 50°Sud

  • 29 novembre 2024
  • Jean-François Morier
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24 heures en mer par 50° Sud

Dernière étape au départ de Puerto Deseado pour Isla de los Estados.

A 7h ce matin, Patrick et moi débarquons pour rejoindre la Prefectura Naval et effectuer les papiers de sortie. Il est indispensable d’obtenir un permis de navigation, lequel devra être présenté au port d’arrivée. Tous les documents sont remplis manuellement et le nombre de copies demandées peut aller jusqu’à 7 à Mar del Plata ! Ici c’est 2 donc ça va plus vite !!! C’est fait !

Puis nous achetons du pain et des pains au fromage dans une panaderia et Patrick s’évertue à essayer de changer des Euros pour des Pesos à la Banque nationale, succès mitigé…

10h00 : de retour sur IKESSO c’est le briefing : la météo, l’organisation des quarts (3h entre 21h et 6h et 2h le jour +un quart tous ensemble de 18h à 21h), une vérification des combinaisons étanches de survie…

10h45 : je demande par VHF canal12 la permission de sortir du port à la Prefectura Naval. Accordé !

A 11h00 nous larguons la bouée, hissons la GV avec 1 ris. Lorsque nous prenons le courant de jusant dans le chenal du port, 2 dauphins de Commerson nous accompagnent de chaque côté du cockpit, on les entend souffler régulièrement. A la sortie du port, je confirme par VHF à la Prefectura Naval que nous sommes en route.

Alors que Patrick est de quart, Jean-Yves nous prépare des pommes de terre vapeur, avec une noix de beurre c’est délicieux. D’ailleurs l’équipage réclame souvent « des patates ! ». En revanche, les pains au fromage de la boulangère cachaient des morceaux de jambon, je suis donc privé…

Le courant descendant nous emmène rapidement et il est temps d’empanner (mer plate, vent 16 nœuds NW) pour passer l’Isla Pinguino et faire route au Sud ! En déroulant complètement le foc, petit problème d’enrouleur qui reste bloqué en bas d’un ½ tour, ce qui nécessite une intervention à l’étrave avec des outils pour régler le problème !

13h20 : au waypoint, Ikesso a 1NM d’avance sur le routage : merci le courant de jusant !!! On loffe de 20° et IKESSO accélère à 8,2 nœuds. La mer est plate car le vent est de terre et nous ne sommes qu’à 3 milles de la côte, donc pas de clapot. Sous le vent de l’Isla Pinguino, l’odeur est forte et désagréable, provenant de ces centaines de lions de mer qui se vautrent sur les rochers en pétant et rotant…

Je fais une petite sieste rapide dans le cockpit en vue de mon quart à venir. Une petite 1/2h de sommeil suffit…

14h : c’est mon quart. Une pointe de vitesse à 9,7 nœuds sous GV 1 ris et foc déroulé. Le vent adonne de 30°, il vient maintenant de notre hanche Tribord sur l’arrière, la mer est verte… Je prends ma position favorite : assis au vent sur l’hiloire derrière la barre, contre le winch de bastaque. Ainsi je vois l’étrave qui coupe l’eau et je sens bien les mouvements du bateau : accélérations, mouvements de vague… Tandis que Jean-Yves est allé faire sa sieste dans sa cabine avant, Patrick est resté avec moi et on discute de l’organisation des escales à venir, des réparations ou améliorations à apporter, des ravitaillements en gas-oil et eau, et du plaisir que nous prenons dans ce périple depuis le 1er août… Le vent varie de 18 jusqu’à 27 nœuds, j’effectue souvent des réglages : choquer 1m d’écoute de GV, reprendre, reprendre encore, choquer…

A 14h30 nous passons le 48ème parallèle Sud. Patrick va dormir dans sa couchette arrière babord, la plus confortable du bord à la mer. Il faut profiter de chaque opportunité de prendre du sommeil car si le temps se gâte, IKESSO aura besoin de l’équipage sur le pont et il sera compliqué de nous reposer. Patrick sait très bien faire…et c’est parfois compliqué de le réveiller !

15h00, je descends à la table à cartes pour vérifier notre navigation sur l’iPad (les cartes sont électroniques sur ma tablette, les cartes papier ne sont là qu’au cas où…), IKESSO a 2,5NM d’avance sur le routage. Ça marche fort : 8,3 nœuds, puis 9,0 nœuds avec l’aide du courant toujours… Le ciel se couvre et il fait doux, le vent a dû se réchauffer en passant sur la terre d’Argentine.

15h30 : attaché par mon harnais à la ligne de vie, je vais jusqu’aux haubans pour observer le réglage des voiles et admirer le passage dans la mer. Il faudra reprendre du hale-bas de bôme, ce que je fais du cockpit avec la centrale hydraulique manuelle en pompant quelques coups.

A 16h00 Jean-Yves prend son quart, le vent a forci jusqu’à 29 nœuds dans une rafale, mais ça ne dure pas. Jean-Yves barre. Nous naviguons 98% du temps sous pilote automatique, mais parfois l’orientation et la force du vent et les vagues rendent le cap difficile à tenir pour le pilote automatique qui ne sait pas anticiper, et il est préférable alors de barrer. Même le pilote automatique a droit de se reposer ! Depuis notre départ ce matin, nous avons effectué 40NM en 5h, ce qui est une excellente moyenne de 8 noeuds, encore une fois grâce au courant de marée…lequel va finir par s’inverser et nous ralentir ! Mais nous avons le plaisir de constater une bonne heure d’avance sur le routage. On verra que ça ne va pas durer…

17h10 : le vent mollit à 12 nœuds au grand largue, la vitesse tombe alors à 3 nœuds : moteur ! Puis après 5 minutes, le vent remonte à 19 nœuds et on coupe le moteur, mais…c’était le chant du cygne pour ce vent qui retombe définitivement et nous voilà sous GV+ moteur à 2200 tours/minute.

17h50 : l’heure du goûter, tartine de confiture rhubarbe pour moi, thé et pains au fromage pour JY, pendant que 2 dauphins jouent à l’étrave.

Après son quart, Jean-Yves trie les dizaines (voire centaines) de photos qu’il prend chaque jour…

19h : Jean-Yves nous cuisine des farfales au thon+sauce tomate+oignons, que nous dégustons tous 3 au bol dans le cockpit en discutant de météo et d’organisation pour la nuit.

A 19h50, je vais enfin me coucher dans la cabine arrière Tribord. Sur la couchette double, ça roule pas mal et mon sommeil n’est pas profond. J’entends le moteur se couper, ce qui est toujours bon signe car IKESSO et son équipage aiment naviguer à la voile !

A minuit, c’est l’heure de mon quart de nuit. Il faut bien 10 minutes pour s’équiper : 3 couches en haut et 3 couches en bas, le bateau remue, je ne suis pas encore complètement réveillé, c’est un exercice ! Et surtout ne pas oublier de passer avant par les toilettes !!! Patrick me passe les consignes : le vent continue d’adonner et vient maintenant plein arrière, nous sommes obligés de garder un angle de 150° avec le vent réel pour être appuyé et confortable, on ne tient donc pas le cap direct. Nous avons atteint la latitude 49°Sud, le ciel est dégagé et rempli d’étoiles, la température n’est pas trop froide… Un gros cargo nous rattrape et nous double par Babord à environ 5NM, on voit ses feux de navigation… Je suis prêt à affronter mes 3 heures de quart !

Avec les variations du vent, j’effectue de petites corrections sur le pilote automatique : +/– 3 degrés. Au feeling nous recherchons sans cesse le meilleur compromis tenant compte du cap, de la vitesse du bateau, de la sécurité et du confort.

Soudain, alors que je suis derrière le poste de barre, les voiles et le bateau s’illuminent depuis derrière moi comme en plein jour, surpris je me retourne et je vois, sur une seconde environ, une météorite qui s’illumine en tombant dans l’atmosphère ! Incroyable !

Vers 1h15, le vent est monté à 30 nœuds brutalement et sous GV1 ris et foc, ni le pilote ni moi ne tenons le bateau qui lofe et gîte, je dois réveiller l’équipage en vitesse pour affaler la GV. En caleçon dans un premier temps, Jean-Yves et Patrick sortent précipitamment. Puis Patrick, harnaché, affale la GV depuis le mât et je poursuis ensuite sous foc seul, bien plus sécurisant, tandis que mes 2 équipiers retournent vite au chaud dans leurs duvets ! Le bateau roule plus maintenant qu’il n’est plus appuyé par la GV, mais c’est plus sécurisant. J’arrive alors à somnoler dans le cockpit par tranches d’un 1/4h, entrecoupées d’un tour d’horizon sur la mer, le ciel, le réglage du foc et je vérifie le cap et la vitesse ainsi que le fonctionnement du pilote automatique. Conforté, je ferme les yeux et m’accorde un autre 1/4h de sommeil, allongé sur un banc du cockpit.

Vers 2h00, j’envoie notre position par mail à la Prefectura Naval comme demandé…

Et à 3h00, ponctuel, Jean-Yves me relaie alors qu’une demi-lune se lève depuis la mer… Enfin je peux aller me réchauffer dans mon duvet !

Vers 7h00, il y a trop de lumière pour que je dorme encore et je rejoins Patrick (l’homme de quart) après avoir avalé un demi kiwi en guise de petit déjeuner. Nous hissons la GV à 1 ris dans ce petit vent qui a tourné et souffle maintenant de face… On optimise un cap serré sous GV et moteur pour continuer de gagner au mieux dans le Sud.

A 8h45 Patrick retourne dormir et je reprends mes rêveries assis sur l’hiloire au vent, en contemplant les albatros et les pétrels, ces grands oiseaux mythiques des mers du sud qui nous tournent autour inlassablement. Sur la fin de mon quart, je réussis à reprendre mon livre (Fondation d’Isaac Asomov, science-fiction) et lire quelques chapîtres.

Enfin vers 11h, alors que nous avons appareillé il y a juste 24h, je refais une petite sieste, et IKESSO franchit le 50 ème parallèle sud !

A midi, après une rapide soupe lyophilisée (2 champignons et 1 tomate) pour réchauffer l’équipage, Patrick nous fait revenir des pommes de terre avec des oeufs et des tomates…

Les 2 autres journées de cette traversée se déroulent de manière similaire, le temps est exceptionnellement beau et doux pour la région : une mer calme très bleue et du vent variable mais maniable. Quand je pense que nous appréhendions cette étape depuis le départ, elle s’avèrera beaucoup plus simple et tranquille que prévue… mais plus lente que le routage : nous arriverons finalement environ 5h après la prévision initiale, sur 3 jours ce n’est pas surprenant, les conditions réelles étant toujours différentes des prévisions et du calcul théorique idéal…

Au petit matin du 3ème jour, la côte montagneuse de l’Isla de los Estados nous apparaît et grandit d’heure en heure. Les guides nous ont décrit Puerto Hoppner avec tant de détails que nous entrons aisément et nous prenons un premier mouillage d’attente pour déjeuner et nous reposer. A marée haute, à 16h00, nous conduirons IKESSO dans un bassin intérieur plus petit, à travers un passage étroit, pour un mouillage isolé entouré de montagnes escarpées et de végétation sauvage inextricable. Nous y restons 3 jours, amarrés derrière un îlot boisé, avec des aussières portées à terre en complément de l’ancre. Décor somptueux, et nous prenons le temps d’admirer, les rives sont vierges de trace et impénétrables…

Nous sommes par 54°47’ Sud, et c’est encore plus beau que dans mon rêve ! par 50°Sud

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