Notre première Caleta
Caleta Horno, un arrêt recommandé par tous les navigateurs qui ont emprunté la route vers la Patagonie !
Partis tôt de Santa Elena, nous luttons contre un vent froid qui souffle de la direction où nous voulons aller. Et comme un fort courant de marée nous repousse, la navigation n’est ni facile ni agréable les premières heures, au point que je regrette un peu le mouillage que nous avons quitté à 6h00!
Mais le vent se calme, le courant s’apaise, et nous nous engageons enfin dans le Canal Leones, raccourci large d’à peine 300m, entre le Cabo de Mata et Isla Leones sur laquelle trône un joli phare ancien en maçonnerie. Personne… On aperçoit 2 bouées de mouillage pour les équipes d’entretien du phare devant une plage. Seuls les dauphins, les cormorans impériaux, les goélands dominicains, et les manchots de Magellan sont présents. Sur une mer calme, nous longeons la côte aride…
Nous contournons Punta San Roque et découvrons une petite baie bordée d’une longue plage grise au fond, un beau récif immergé qui gronde au milieu, et une côte rocheuse de grès rouge au nord que nous longeons, cherchant l’entrée de la Caleta Horno. Après 1/2 mille, voilà la petite falaise qui s’entrouvre, et les yeux écarquillés, nous pénétrons dans ce canyon. L’eau est verte un peu laiteuse. Du haut de la falaise, 3 guanacos nous regardent l’air de dire mais qu’est-ce qu’ils viennent faire ici?
La caleta fait un S, que nous parcourons en vérifiant bien la profondeur. Les Guides nous ont montré des photos, et fourni des explications sur la façon de s’ancrer, mais il nous faut nous assurer que les 2m40 de tirant d’eau d’Ikesso ne toucheront pas le fond à marée basse !
L’ancre est accrochée, Patrick et Jean-Yves partent en annexe en tirant les très longues amarres enroulées sur des tourets à l’arrière d’Ikesso, pour les attacher dans les rochers. Ainsi Ikesso sera immobilisé lorsque le vent ou le courant tourneront.
Évidemment nous sommes seuls, à part quelques grands grèbes et une otarie, les guanacos, farouches, se sont enfuis… Un couple de canard-vapeurs (ou brasse-mer) se promène dans la caleta.
L’après-midi nous irons à terre marcher dans la pampa, observer les animaux et admirer Ikesso au mouillage… La zone est très aride, même si des ravines profondes ont été creusées par les rares pluies torrentielles. Pour toute végétation, des buissons bas épineux et quelques graminées desséchées. Quelques petits passereaux vivent là… Sur une plage proche, des bécasseaux, des gravelots et des huîtriers profitent de la marée basse pour s’alimenter. Une cinquantaine de canards-vapeurs font la sieste au bord de l’eau…Jean-Yves aura pris des centaines de photos! Il ramène en trophée un crâne desséché de guanaco, que MOBY et POTTOKA les mascottes du bateau regardent avec curiosité… C’est bien le seul guanaco que nous avons pu approcher, mais il est moins beau que ses congénères qui s’enfuient au loin!
La nuit est claire et sans pollution lumineuse, le ciel déploie ses millions d’étoiles, nous n’en avons jamais vu autant !
Nous restons une autre journée dans ce mouillage unique : un peu d’entretien du bateau, balade en annexe au fond de la gorge qui s’ouvre en amont sur une zone marécageuse, au menu un risotto aux courgettes…et une analyse météo poussée pour décider des étapes suivantes qui nous mèneront par 55° sud, latitude d’Ushuaia.